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Au cœur de l’unité de l’Amérique latine

Fidel, le Che et Raul se sont battus pour l’indispensable unité de Notre Amérique face à l’impérialisme des États-Unis. Photo: Archives
Fidel, le Che et Raul se sont battus pour l’indispensable unité de Notre Amérique face à l’impérialisme des États-Unis. Photo: Archives

Date: 

26/11/2019

Source: 

Periódico Granma

Auteur: 

Notre Amérique vit des journées intenses. Nous n’avons aucune raison, ni le temps de nous décourager. Les peuples du continent ont ouvert les grandes avenues de leur émancipation et l'impérialisme ne peut pas les refermer. Bolivar, Marti, Sandino ont indiqué la voie de l'unité. « Jusqu’à quand allons-nous persister dans notre léthargie ? », demandait Fidel en 1959, lors de sa visite à Caracas.
 
« Jusqu’à quand allons-nous rester des accessoires sans défense d'un continent que son Libertador a conçu comme quelque chose de plus digne, de plus grand ? Jusqu’à quand allons-nous vivre dans cette atmosphère mesquine et ridicule ? Jusqu’à quand allons-nous rester divisés? »
 
Depuis l’époque de sa formation dans les années 40, Fidel s’est impliqué dans les revendications les plus urgentes pour la justice dans la région : l'indépendance de Porto Rico et le renversement du dictateur Trujillo en République dominicaine, entre autres, et il allait vivre aux côtés du peuple colombien les événements que l'Histoire connaît sous le nom de Bogotazo.
 


Sa visite au Venezuela, à peine quelques mois après le triomphe révolutionnaire, devait prendre un caractère prémonitoire. Dans ce pays, il déclara au sujet de l'unité nécessaire de nos peuples : « Et qui doivent être les défenseurs de cette idée ? Les Vénézuéliens, parce que les Vénézuéliens l'ont lancée sur le continent américain, parce que Bolivar est le fils du Venezuela et que Bolivar est le père de l'idée de l'union des peuples de l'Amérique. »
 
Mais Fidel ne faisait pas seulement référence à l'unité interne des peuples, indispensable au triomphe de la justice, mais à l'unité entre les nations du continent, même s'il savait qu'il y aurait des gouvernements « avortons » sans foi en leur terre, prêts à livrer les richesses collectives et les aspirations populaires dans l’attente de récompenses personnelles indignes. C'est pourquoi, à de nombreuses occasions, il tenta de montrer les avantages de l'union, à partir du respect de la diversité des modèles socio-économiques et des identités. « De plus, quelle est la destinée des pays balkanisés de notre Amérique ? Quelle place vont-ils occuper au 21e siècle ? Quelle place va-t-on leur laisser ? Quel sera leur rôle s'ils ne s'unissent pas, s'ils ne s'intègrent pas ? », insistait-il en 1990.
 
Dans les dernières années de cette décennie de renoncements et de désespoir, Fidel allait relancer l'internationalisme médical cubain (démarré en Algérie en 1963) en faveur des peuples d'Amérique centrale et d'Haïti – où les gouvernements ne partageaient pas la même sensibilité politique – après le passage de deux ouragans dévastateurs : des centaines de professionnels de la santé se sont rendus dans les coins les plus reculés et depuis lors ont pris en charge les populations les plus déshéritées. Le peuple cubain se trouvait face à face, sans intermédiaires, avec ses frères du continent.

 
Avant chaque départ, Fidel avait coutume de se réunir avec chaque brigade ; il s’entretenait avec ses membres comme un père. Le 25 novembre 1998, il déclara : « Je tiens à souligner ceci tout de suite : nos médecins ne se mêleront pas le moins du monde des affaires de politique intérieure. Ils seront absolument respectueux des lois, des traditions et des coutumes des pays dans lesquels ils travailleront. Ils n’ont pas pour mission de propager des idéologies. [...] Ils se rendent en Amérique centrale en tant que médecins, en tant que porteurs désintéressés de la santé humaine, pour travailler dans les lieux et dans les conditions les plus difficiles, pour sauver des vies, pour préserver ou rendre le bien-être grâce à la santé, et pour exalter et donner du prestige à la noble profession du médecin, rien de plus. »
 
Cette année-là, un disciple de Bolivar deviendra président du Venezuela. Deux rêveurs, deux fous sains d'esprit, Fidel et Chavez, se rencontreront dans l'effort de contribuer à l'unité nécessaire. Et c’est ainsi que l’ALBA (Alternative bolivarienne pour les peuples de Notre Amérique) est née, le projet d'unité le plus avancé qui ait jamais existé sur notre continent, un accord dont le fondement s’appuie sur les peuples, sur leur capacité infinie de solidarité. Des centaines de milliers de Latino-Américains ont eu accès à la santé, à l'éducation ; ils ont recouvré la vue et la dignité. Notre Amérique, un concept martinien, qui inclut aussi les îles des Caraïbes, devint alors plus grande, parce qu'elle sut se regarder de l'intérieur et s'unir, se compléter dans des projets communs. Aujourd'hui, l'impérialisme tente de démanteler ces conquêtes qu’il redoute tellement. Il est bon de rappeler cela, alors que nous commémorons le troisième anniversaire du départ physique du commandant en chef Fidel Castro, l'homme qui a consacré sa vie à la défense de l'unité des peuples et des nations d'Amérique latine.