Articles

L’anniversaire

Date: 

12/08/2016

Source: 

Cuba.cu

Auteur: 

Demain, j’aurai quatre-vingt-dix ans. Je suis né au lieudit Birán, à l’Est de Cuba, qui n’apparaît pas sur les cartes. Mais il était connu par des amis proches et, bien entendu, par ceux qui briguaient un poste de représentant ou d’inspecteur et se retrouvaient autour de n’importe quelle activité commerciale ou productive typique des pays néocolonisés.
 
Un jour, j’ai accompagné mon père à Pinares de Mayarí. J’avais huit ou neuf ans. Comme il aimait bavarder quand il sortait de Birán ! Là, il possédait des terres semées de canne à sucre, de pâturages et d’autres cultures. En revanche, à Pinares de Mayarí, il n’était pas propriétaire, il était fermier, comme tant d’autres Espagnols qui s’emparèrent d’un continent grâce à une bulle papale dont aucun des peuples qui le peuplaient n’avait jamais entendu parler. Les connaissances transmises étaient déjà pour une bonne part des trésors de l’humanité.
 
Pinares de Mayarí s’élève jusqu’à environ cinq cent mètres, avec des versants abrupts, pierreux, couverts d’une végétation rabougrie et parfois hostile. Des arbres et des rochers bloquent le passage. Soudain, démarre un plateau qui doit mesurer environ deux cents kilomètres carrés, où l’on trouve de riches gisements de nickel, de chrome, de manganèse et d’autres minerais d’une grande valeur économique, et d’où l’on descendait aussi chaque jour des dizaines de camions chargés de pins de grande taille et de grande qualité.
 
Sans parler de l’or, du platine, du palladium, des diamants, du cuivre, de l’étain et d’autres minerais qui sont devenus parallèlement des symboles des valeurs économiques dont la société humaine a besoin à son étape de développement actuel.
 
Mon père est mort quelques années avant le triomphe de la Révolution. Il avait assez souffert avant.
 
Le deuxième et le troisième de ses garçons étaient absents et distants. Tous deux faisaient leur devoir de révolutionnaire. J’avais déjà dit savoir qui pouvait me remplacer au cas où l’adversaire parviendrait à m’éliminer. Je me riais quasiment des plans machiavéliques des présidents étasuniens.
 
Le 27 janvier 1953, après le putsch de Batista de l’année précédente, les étudiants et les organisations de jeunes écrivirent aux côtés du peuple une page dans l’histoire de notre Révolution : la première Marche aux flambeaux organisée à l’occasion du centenaire de la naissance de José Martí.
 
J’étais déjà convaincu à l’époque qu’aucune organisation n’était prête à participer à la lutte que nous étions en train de préparer. Le désarroi régnait dans les partis politiques de gauche, de droite et du centre, qui mobilisaient des citoyens las de la politicaillerie régnant dans le pays.
 
Quand j’avais six ans, une institutrice ambitieuse qui faisait classe dans la petite école publique de Birán et que ma famille traitait magnifiquement au point de l’inviter à notre table convainquit mes parents de m’envoyer à Santiago de Cuba pour accompagner ma sœur aînée qui devait entrer dans une école de religieuses assez prestigieuse. En fait, je jouissais d’une meilleure santé que mon frère Ramón – décédé voilà quelques mois – qui fut mon compagnon d’école très longtemps. Je ne veux pas m’appesantir là-dessus, juste dire que ce furent des années très dures à une époque à la majorité de la population avait faim.       
 
Trois ans après, mes parents m’envoyèrent au collège La Salle de Santiago de Cuba pour commencer l’école primaire. Trois années durant lesquelles je ne suis jamais allé au cinéma.
 
Voilà comment ma vie a commencé. Peut-être écrirai-je quelque chose  là-dessus si j’ai le temps. Je m’excuse de ne pas l’avoir fait avant, parce que j’ai des idées sur la façon dont on peut et dont on doit éduquer un enfant. Le manque d’éducation est le pire dommage qu’on puisse lui infliger.
 
L’espèce humaine court aujourd’hui le pire risque de son histoire. Ce sont les spécialistes en la matière qui peuvent faire le plus pour les habitants de cette planète qui sont passés d’un milliard fin 1800 à sept milliards début 2016. Combien serons-nous dans quelques années ?
 
Ce sont les spécialistes les plus brillants, qui sont maintenant des milliers, qui peuvent répondre à cette question et à d’autres tout aussi importantes.
 
Je tiens à remercier profondément les personnes qui m’ont fait parvenir ces jours-ci des marques de respect, des saluts et des cadeaux, ce qui me donne des forces pour faire parvenir à mon tour des idées aux militants de notre parti et aux organismes pertinents.
 
Les moyens techniques modernes nous ont permis de sonder l’univers. De grandes puissances comme la Chine et la Russie ne peuvent être soumises à la menace de l’emploi des armes atomiques contre elles. Ce sont des peuples courageux et intelligents. J’estime que le président étasunien n’a pas été à la hauteur lors de sa visite à Hiroshima et qu’il aurait dû s’excuser pour la mort de centaines de milliers de personnes, alors que les effets de la bombe étaient déjà connus. Tout aussi criminelle fut l’attaque contre Nagasaki, choisie au hasard par les maîtres de la vie. Aussi faut-il insister sur la nécessité de préserver la paix et empêcher n’importe quelle puissance de s’arroger le droit de tuer des millions d’êtres humains.
 
 
Fidel Castro Ruz
12 août 2016
22 h 34