Allocutions et interventions

ALLOCUTION PRONONCÉE PAR FIDEL CASTRO RUZ, PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE DE CUBA, À L’OCCASION DE LA RENTRÉE SCOLAIRE 2003-2004. PLACE DE LA RÉVOLUTION, LE 8 SEPTEMBRE 2003

Date: 

08/09/2003

Chers compatriotes,

Dans le domaine de l’éducation, Cuba occupe d’ores et déjà la première place parmi tous les pays, qu’ils soient grands ou petits, qu’ils soient riches ou pauvres. Et ce, alors qu’au début de la Révolution, 30 p. 100 des personnes ne savaient ni lire ni écrire et que 60 p. 100 étaient des analphabètes fonctionnels, autrement dit des jeunes et des adultes privés de connaissances et de culture et n’ayant fait guère plus de trois ou quatre années d’un enseignement primaire extrêmement déficient.

Il n’existait pas assez d’instituteurs pour éduquer des millions de jeunes et d’adolescents. Il a fallu les former. Il n’y avait pas de professeurs ni d’écoles pour les accueillir quand la grande masse atteindrait le certificat d’étude primaire ou le brevet d’étude du premier cycle du second degré. Il a fallu les former en envoyant dans les écoles normales une avant-garde dévouée d’élèves ayant conclu dix ans d’études et exerçant en même temps comme professeurs de collèges, puis faire la même chose plus tard dans les centres du deuxième cycle, avec des bacheliers.

On a fini par construire jusqu’à cinquante mille capacités annuelles pour les élèves du secondaire.

Il n’existait alors que trois universités et un groupe de disciplines réduit. En moins de vingt-cinq ans, le pays a ouvert plus d’une cinquantaine d’établissements d’enseignement supérieur où l’on étudie maintenant quatre-vingt-cinq carrières différentes.

L’enseignement universitaire s’étend peu à peu, aujourd’hui, à toutes les communes du pays, nécessité imprescriptible d’une révolution éducationnelle en plein essor.

Il n’existait pas de crèches, d’écoles spéciales, d’écoles sportives, d’écoles techniques et professionnelles, et pas assez d’écoles primaires pour l’ensemble des enfants et d’adolescents d’âge scolaire. Fort de sa volonté, de sa patience et de son héroïsme, notre peuple a fait le miracle de créer des milliers d’écoles de ce genre où étudient 2 500 474 enfants, adolescents et jeunes, et des dizaines d’établissements d’enseignement supérieur accueillant, à cette rentrée-ci, plus de trois cent mille étudiants.

Tout ceci, la Révolution l’a créé à un rythme sans précédent dans l’histoire.

Comparez donc ceci avec ce qui existe dans le tiers monde, et même dans les pays développés.

Cuba occupe aujourd’hui, comme le reconnaissent de prestigieuses institutions, le premier rang en ce qui concerne les connaissances des écoliers du primaire en mathématique et en langage. La totalité des enfants sont inscrits dans le primaire, sans retard scolaire, et concluent ce cycle. 99 p. 100 d’entre eux concluent le premier cycle du second degré et peuvent suivre les études du deuxième cycle.

Cuba compte 11 177 743 habitants, dont seulement 0,2 p. 100 sont analphabètes, la plupart des personnes âgées n’ayant pas connu le système éducationnel dont notre pays dispose aujourd’hui.

Les écoliers du primaire bénéficient du meilleur taux d’instituteurs par classe : 1 instituteur pour 20 élèves, et 2 s’ils sont plus. Le taux à La Havane, on le sait, a été réduit en deux ans seulement de 37 à 18 élèves par instituteur et salle de classe, grâce à la réparation totale ou à la construction de 789 écoles primaires et secondaires.

On a créé à l’été 2001 quinze écoles d’animateurs culturels.

De nouvelles écoles de peinture, de théâtre, de danse et de musique s’ouvrent dans tous les chefs-lieux de province et les villes importantes du pays.

Deux nouvelles chaînes de télévision éducative ont été lancées : l’une à couverture désormais nationale et l’autre qui le sera d’ici à six mois.

La Foire du livre, qui ne concernait avant que la capitale, s’étend maintenant à non moins de trente villes.

De nouvelles capacités d’impression permettront à la population d’avoir accès aux meilleures œuvres littéraires, scientifiques, politiques, sociales et culturelles, à un coût minime, grâce au système des « bibliothèques familiales » (coffrets de livres bon marché) qui, conçu à Cuba, commence à s’étendre dans d’autres pays, tout comme le font les systèmes d’alphabétisation par radio et télévision qui sont appelés à révolutionner l’éducation dans le monde.

La liste des créations et des nouvelles méthodes éducatives et culturelles à fortes retombées sociales et humaines serait interminable. Même les ennemis les plus jurés de la Révolution n’oseraient pas le nier.

Dans quelles conditions la rentrée scolaire se fait-elle, après les succès extraordinaires obtenus ces quatre dernières années et alors que la Période spéciale n’est pas encore finie ?

Au terme de dix années de recherche scientifique, notre pays applique sur tout le territoire national, depuis l’année 1992-1993, le programme social intitulé « Eduque ton enfant », qui vise à préparer la famille à assurer le développement intégral des garçons et des filles de la naissance à six ans. C’est la famille elle-même qui réalise systématiquement les actions éducatives essentielles auprès de ses enfants. L’extension graduelle de ce programme a permis de toucher, par des voies tant institutionnelles que non formelles, telles les crèches et les maternelles, 99,5 p. 100 des enfants de cette tranche d’âge.

Décisive à cet égard a été l’intégration des médecins et infirmières de la communauté, des animateurs culturels et des instructeurs sportifs, des membres de la Fédération des femmes cubaines et des Comités de défense de la Révolution, des représentants des syndicats, des organisations paysannes, des administrations locales, en particulier des conseils populaires, soit au total plus de cent mille exécutants, comme on les appelle, qui sont chargés de préparer, de suivre et de soutenir les familles et dont la formation est confiée à plus de 30 000 promoteurs, parmi lesquels 8 286 sont des enseignants qualifiés du ministère de l’Education, qui les suivent et les conseillent.

L’évaluation réalisée en 1999 a prouvé que 87 p. 100 des 48 000 enfants échantillonnés atteignaient tous les indicateurs de développement prévus pour leur âge, soit 34,6 p. 100 de plus qu’en 1994. 84 p. 100 des familles évaluées, soit plus de 47 000, reconnaissent avoir modifié leur attitude vis-à-vis des enfants : elles leur consacrent plus de temps, elles sont plus affectueuses, elles les écoutent, elles ne recourent pas à des mauvais traitements psychiques ou physiques. Elles reconnaissent aussi que le programme a contribué à leur enrichissement culturel : 62 p. 100 affirment écouter plus de musique ; 52 p. 100 se sont mises à visiter des musées et des institutions culturelles ; 44 p. 100 lisent davantage ; 64 p. 100 se préoccupent davantage d’acheter des livres de contes à leurs enfants et de les leur lire.

Dans le cadre de ce système concernant les enfants de la naissance à six ans, 96,8 p. 100 des enfants entrés à la maternelle durant la dernière année scolaire ont dûment développé les habiletés de base qui leur permettront d’entamer avec succès l’apprentissage scolaire.

L’introduction de l’informatique aux âges préscolaires chez nous constitue une expérience novatrice et unique par sa massivité et par les principes et conceptions scientifiques et pédagogiques qui la sous-tendent. Son introduction généralisée s’accompagne d’une étude qui permet de définir notre position relative à son utilisation pour l’éducation des enfants d’âge préscolaire, en conformité avec notre volonté de prévenir, d’identifier, de contrôler et de supprimer tout facteur de risque éventuel du fait de l’utilisation d’ordinateurs à ces âges.

Pendant la dernière année scolaire, 117 868 garçons et filles de la maternelle ont eu accès à un ordinateur à l’école à raison d’une demi-heure hebdomadaire. Cette année-ci, les 23 527 autres enfants de la maternelle, mais des crèches cette fois-ci, en bénéficieront aussi, les équipements pertinents étant prévus.

Un total de 823 professeurs qui se sont formés comme éducateurs informatiques pour ces âges poursuivront leur formation au niveau supérieur. Les observations faites à ce jour prouvent que l’ordinateur contribue à développer chez les enfants la motricité fine et les habiletés intellectuelles qui constituent des objectifs à atteindre à la fin de la maternelle et devant servir de base à l’entrée au cours préparatoire.

Cette année-ci, 84 p. 100 des groupes d’enseignement primaire compteront vingt écoliers ou moins.

On dispose de réserves d’instituteurs dans toutes les provinces, hormis La Havane-province, Matanzas et Camagüey où l’on travaille pour surmonter cette difficulté.

L’excellente situation actuelle dérive de l’entrée de plus de 14 662 jeunes instituteurs ayant reçu une formation accélérée qui ont eu beaucoup de succès.

Plus de 96,6 p. 100 des écoliers du primaire du pays bénéficient désormais de classes matin et après-midi. Mais la transformation principale a concerné le perfectionnement de l’organisation scolaire qui a permis d’instaurer un horaire unique, de sorte que l’enseignement se fait tant le matin que l’après-midi. On donnera une classe de plus par semaine en langue espagnole et en mathématique ; en espagnol, on donnera la priorité à l’orthographe, à l’utilisation du dictionnaire, à l’écriture, à la rédaction et à la compréhension de textes ; en mathématique, on renforcera les contenus de calcul, de raisonnement des problèmes, de traitement des grandeurs et de la géométrie.

A compter de janvier, il y aura une classe de plus par semaine en anglais de la troisième année à la cinquième année du primaire, et deux de plus en sixième année du primaire, avec utilisation des moyens audiovisuels.

On a mis au point quarante et un logiciels qui entraîneront un changement fondamental dans l’enseignement en ce qui concerne la relation entre l’instituteur et le professeur d’informatique. Tous deux mèneront des activités conjointes, tant scolaires que périscolaires, qui permettront d’élever la qualité de l’enseignement et la formation d’une culture générale intégrale.

Une évaluation de la qualité de l’éducation à La ville de l’Havane réalisée en 1999 avait révélé que les enfants du primaire ne maîtrisaient pas les connaissances de leur niveau avec la qualité et la rapidité requises. Ainsi, en quatrième année, les réponses correctes n’étaient que 43,3 p. 100 en mathématique et de 53,5 p. 100 en langue espagnole.

Les mesures spéciales instaurées dans l’éducation à La ville de l’Havane ont contribué à ce que, en juin dernier, les bonnes réponses se soient élevées à 71 p. 100 en maths et à 86 p. 100 en langage, et que les connaissances se soient améliorées de 60 p. 100 par rapport à 1999.

L’enseignement spécial touchera cette année-ci, comme cela se fait depuis des années, tous les enfants atteints d’un défaut physique ou d’un retard mental compatible avec la capacité d’apprendre, soit un total de 51 938 enfants, dont s’occupent 14 600 professeurs et spécialistes. De ce total d’enfants, 1 386 étudieront chez eux grâce à 580 professeurs ambulants, tandis que 372 le feront dans 22 salles de classe d’hôpital.

Dans cet enseignement spécial, il faut mentionner l’introduction de méthodes novatrices pour le traitement de 241 autistes, de 106 sourds et aveugles et de 14 à implant cochléaire. On travaille à l’introduction et à la validation de nouveaux moyens et équipements à même de permettre à des élèves atteints d’une incapacité donnée d’accéder à l’informatique : écran tactile, réponse vocale, interrupteurs, clavier intelligent et scanneur.

On a augmenté de 252 les places d’interprètes de langue par signes et de professeurs d’appoint pour élèves sourds, aveugles et à handicap physico-moteur, ce qui permettra de mieux les suivre.

À cette rentrée, on a mis en marche une moderne imprimerie Braille pour éditer des livres de texte et des ouvrages qui permettront aux aveugles d’élever leur culture générale intégrale. Le pays compte 193 groupes de diagnostic et d’orientation, constitués de plus de 1 056 spécialistes chargés de dépister et de suivre les élèves ayant des besoins éducationnels spéciaux.

On a continué de développer le programme d’informatique dans tous les établissements des différents enseignements au point qu’il touche maintenant la totalité des élèves : 46 290 ordinateurs sont installés dans les écoles maternelles, primaires et secondaires, y compris dans toutes les écoles rurales, en vue de quoi il a fallu installer des panneaux solaires dans 2 368 écoles, dont 93 ne comptent qu’un seul élève, ce qui prouve le soin extraordinaire que la Révolution prête à l’éducation de chaque enfant, sans la moindre exception.

Le programme d’étude actuel permet à l’élève de maîtriser le fonctionnement d’un ordinateur, le traitement de texte, la création graphique, les tableurs, les présentations multimédias et la mise au point de pages web, et de régler des problèmes en rapport avec les différents domaines de la connaissance. Qui plus est, ce qui est extrêmement important, l’utilisation de l’ordinateur comme outil d’enseignement d’autres matières augmente progressivement.

Ce programme dispose maintenant de 19 227 professeurs, dont 13 805 constituent de nouveaux emplois. On compte aussi deux nouvelles collections de logiciels éducatifs : Multisaber (41 logiciels pour le primaire et l’enseignement spécial) et Navegante (37 logiciels pour le secondaire). Ce qui permettra d’utiliser le logiciel éducatif pour contribuer au développement de toutes les matières dans le primaire et le secondaire.

Ces logiciels se caractérisent par leur grande interactivité, par l’utilisation de ressources multimédias, telles qu’images, sons, photos, dictionnaires spécialisés, explications de professeurs chevronnés, exercices et jeux instructifs qui soutiennent les fonctions d’évaluation et de diagnostic.

Les inscriptions dans les écoles d’animateurs culturels se monteront à 4 840 en première année, de 4 038 en seconde année, de 3 605 en troisième année et de 3 523 en dernière année.

Le corps enseignant est formé de 2 929 professeurs, à savoir 948 de formation générale et 1 981 de spécialités, dont 1 384 sont en même temps des professionnels de la culture.

Des 158 800 élèves ayant conclu l’an dernier le premier cycle du second degré, 89 100 entrent dans le deuxième cycle et 69 700 dans l’enseignement technique et professionnel.

Le cours de recyclage intégral pour jeunes a débuté en septembre 2001. Deux ans après, on peut constater l’énorme impact qu’il a eu sur la famille, la communauté, les élèves et les enseignants, compte tenu du changement d’attitude des jeunes concernés.

À la fin de l’année scolaire précédente, on en comptait 102 005, dont 64 488 préparent maintenant le bac et 34 318 sont entrés dans l’enseignement supérieur.

Le programme éducationnel Alvaro Reynoso, structuré en 2002-2003, accueille cette année-ci 128 377 travailleurs, dont 38 103, soit 30 p. 100, sont payés pour étudier, 4 786 servent de professeurs compte tenu de leur niveau élevé et les 85 488 restants combinent le travail et les études.

A cette rentrée scolaire-ci, plus de 100 000 compatriotes entrent dans l’enseignement supérieur dans le cadre des plans de la Révolution. On constate une augmentation importante d’étudiants faisant des études au niveau des communes, ce qui est là un nouveau modèle en plein développement de l’enseignement supérieur à Cuba.

Dans les études pédagogiques, le modèle de l’universalisation se fonde sur l’entrée des étudiants dans 5 204 établissements d’enseignement considérés comme des micro-universités, sous la conduite de tuteurs qui les suivront durant toutes leurs études, tandis que les livres de texte nécessaires sont accessibles entre autres sur un cédérom par matière et par étudiant. Cette année-ci, on comptera 41 973 enseignants entre professeurs titulaires et tuteurs.

Le plan de réparations des 110 écoles de province prévu en 2003, dont l’agrandissement des salles de classe pour garantir des groupes de vingt élèves ou moins dans le primaire et des classes matin et après-midi dans les collèges, ainsi que le remplacement total du mobilier scolaire, a fortement stimulé l’élévation de la qualité de l’éducation dans toutes les provinces.

De ces 110 écoles du plan 2003, 31 ont déjà été conclues à cette rentrée ; 56 le seront d’ici la fin du mois, 20 en octobre et 3 en novembre-décembre. Un effort spécial sera consenti pour réparer totalement 200 écoles de province en 2004. Nous souhaiterions pouvoir élever ces chiffres, mais il faut savoir qu’un programme très important dans le secteur santé, qui exige de nombreuses contructions, se réalise parallèlement dans tout le pays.

Ce qui caractérise la rentrée scolaire 2003-2004 et la rendra historique, c’est une révolution profonde et inédite de l’enseignement dans le premier cycle du secondaire (septième, huitième et neuvième années) à Cuba, qui aura une connotation mondiale. Ce cycle – maillon décisif dans la formation de la personnalité et dans la vie de tous les enfants et adolescents – est le plus complexe, mais s’avère pourtant un vrai désastre à l’échelle internationale en matière d’enseignement.

Un système d’enseignement où un professeurs superspécialisé doit faire classe à deux ou trois cents élèves divisés en groupe de trente ou quarante, de sorte qu’il ne sait même pas le nom de tous ses élèves, qu’il ignore leurs caractéristiques individuelles, leurs problèmes personnels, les caractéristiques de leurs familles et leur environnement social, ne peut absolument pas offrir le traitement attentif et différencié dont a besoin chaque adolescent. Luz y Caballero avait déjà voulu l’exprimer prophétiquement dans sa fameuse phrase, telle que nous l’interprétons : éduquer est plus important et plus difficile qu’instruire. Une vérité incontournable. Nous pensons qu’on peut réussir les deux choses aujourd’hui dans notre patrie. Dans le monde actuel où l’éducation massive est imposée, quelque soit l’effort et la qualité des enseignants, le système traditionnel ne peut éduquer ni peut instruire.

Le Nord-Américain Leon Max Lederman, Prix Nobel de physique de 1988, a récemment affirmé quelque chose de très intéressant :

Il est urgent d’améliorer l’éducation. L’important, c’est qu’un adolescent concluant le premier cycle du secondaire ait acquis une manière de penser scientifique, indépendamment de la profession qu’il choisira ensuite.

Il faut réformer le premier cycle du second degré afin que les élèves soient à la hauteur du XXIe siècle, qu’ils puissent maîtriser le développement accéléré et ses conséquences socio-politiques, qu’ils soient capables de gagner leur vie tout en restant attachés à la rationalité comme une forme de vie, de se colleter avec un monde en transformation constante.

Si tout ceci se réalisait, alors les élèves terminant ce cycle connaîtraient mieux les sciences que les anciens bacheliers, voire que les diplômés de Harvard. Dès lors, ils seraient sans aucun doute meilleurs comme parents, comme fils, comme politiques, comme travailleurs, comme êtres humains. L’élève qualifié aujourd’hui de moyen apparaîtrait comme un génie.

Pour nous, qui étions conscients depuis longtemps de la nécessité de faire face à la situation de ce niveau d’enseignement, la difficulté fondamentale était de parvenir à concilier la qualification indispensable de l’enseignant, sa vocation personnelle, le nombre et la fréquence de chaque matière et la quantité totale de professeurs nécessaires.

Nous nous efforcions de chercher des solutions en pleine Bataille d’idées. Et l’une d’elles a été la formation d’un professeur intégral. Même si l’effort était immense, nous n’avons pas hésité à nous engager dans cette direction.

Que faire toutefois du grand nombre d’excellents professeurs spécialisés durant tant d’années ?

La quête incessante de solutions nous a finalement conduits à des modalités qui, partant de bien d’autres idées déjà testées et d’une expérimentation concrète, ont permis la mise au point de la méthode audacieuse et révolutionnaire dont l’application massive démarre justement aujourd’hui, 8 septembre 2003.

Cette méthode combine les solides connaissances des professeurs spécialisés, celles d’un grand nombre de jeunes professeurs ayant reçu une formation accélérée et s’étant engagés à enseigner aux élèves toutes les matières et à être leurs professeurs tout au long de ces trois années, et l’utilisation exhaustive et systématique des moyens audiovisuels les plus pointus.

Le résultat final sera un professeur pour quinze élèves, essentiellement dans des salles de trente élèves où deux professeurs coopéreront étroitement mais seront chacun responsables de tout ce qui concerne l’éducation et la formation des quinze élèves dont ils assumeront la tutelle, la conduite et la préparation à la vie durant cette étape scolaire décisive.

Les plus grandes difficultés apparaissaient, comme à l’accoutumée, dans la capitale. Où l’on avait déjà recruté de nombreux milliers de jeunes pour les former comme travailleurs sociaux, instituteurs en cours accélérés, infirmières selon cette même méthode, techniciens en physiothérapie et autres services de santé, professeurs d’informatique, élèves choisis spécialement pour entrer à l’université des sciences informatiques – déjà en fonctionnement et en expansion rapide, quoique non inaugurée encore – si bien qu’elle ne comptait plus assez de jeunes ayant conclu la terminale pour se former comme professeurs par cours accélérés. A quoi il faut ajouter que l’enseignement dans la capitale était le plus déficient du pays, ce qui avait des retombées sur la qualité des connaissances et sur la formation des jeunes.

On ne pouvait perdre une minute. Il a donc fallu appeler au secours de La ville de l’Havane plus de quatre mille bacheliers de province qui sont entrés à la prestigieuse école Salvador Allende et qui feront des cours pendant une année en compagnie de professeurs spécialisés de premier rang. Et il en sera ainsi chaque année des professeurs issus des cours de formation accélérée de cette Ecole jusqu’à ce que la capitale dispose du personnel suffisant. Et, une fois de retour dans leurs provinces d’origine, ils suivront leurs élèves d’une année à l’autre.

Les résultats de l’école expérimentale Youri Gagarine et de l’école José Martí à la Vieille-Havane avalisent les avantages de cette nouvelle conception dans le premier cycle du second degré, ce qui constitue un apport révolutionnaire et novateur de l’éducation à la formation des adolescents.

Citons parmi les principaux résultats : amélioration de l’assistance et de la ponctualité aux classes ; meilleure discipline découlant de la persuasion et de la volonté des élèves eux-mêmes ; bonne communication enseignant-élève-famille ; meilleure qualité des cours ; acquisition des connaissances supérieure à celle du modèle antérieur en maths et en espagnol à partir de normes internationales.

La preuve :

À l’école Youri Gagarine, au début du cours, octobre 2002 : en maths, 31,9 p. 100 des élèves ont donné des réponses satisfaisantes ; en mai 2003, 65,7 p. 100. En espagnol : octobre 2002, 57,9 p. 100 de réponses satisfaisantes ; en mai 2003, 77,3 p. 100.

A l’école José Martí, début du cours octobre 2002 : en maths, 30 p. 100 de réponses satisfaisantes ; en mai 2003, 54,3 p. 100. En espagnol, octobre 2002, 57,2 p. 100 de réponses satisfaisantes ; en mai 2003, 70,1 p. 100.

Ecoles-témoin Jorge Vilaboy et Enrique Galarraga : en maths, début de cours, octobre 2002, 31,9 p. 100 de réponses satisfaisantes ; en mai 2003, 44 p. 100. En espagnol, début de cours, octobre 2002, 59,1 p. 100 de réponses satisfaisantes ; en mai 2003, 54,7 p. 100.

Les élèves de la José Martí et de la Youri Gagarine ont doublé leurs connaissances par rapport à ceux des écoles-témoin qui suivaient la méthode traditionnelle. Par ailleurs, à la fin de l’année scolaire 2002-2003, 99,16 p. 100 des élèves de la Youri Gagarine ont réussi aux examens, soit à peine 3 recalés sur 358 élèves. À l’école expérimentale José Martí, un établissement bien plus complexe, 98,8 des élèves ont réussi aux examens, soit 14 recalés sur 1 167 élèves.

La totalité des collèges du pays, accueillant 494 318 élèves, suivront cette année cette méthode, qui peut être qualifiée de synthèse de toutes les expériences accumulées, dont, bien entendu, celles des écoles expérimentales Youri Gagarine et José Martí.

Dans le cadre de cette prouesse, il faut signaler la réponse donnée par les professeurs en exercice des collèges, dont 33 281, soit 94,8 p. 100, ont été d’accord pour suivre cette méthode : compte tenu de la fonction qu’ils rempliront dans notre société, on peut en toute justice les qualifier de professeurs intégraux.

Ainsi que la contribution décisive et extraordinaire du corps enseignant de l’école Salvador Allende, formé de 409 professeurs, dont 89 titulaires de maîtrise et 43 docteurs en sciences.

Cette année-ci, 95 p. 100 des élèves des collèges auront classe matin et après-midi.

Dans le cadre de cette révolution éducationnelle, la télévision, la vidéo et l’informatique à des fins instructives et éducatives deviennent des facteurs irremplaçables et contribuent à stimuler l’intérêt et la motivation des élèves, leur pensée indépendante, leur réflexion critique, l’envie de la recherche et la créativité, ce qui permettra de continuer de perfectionner l’enseignement dans une quête constante de l’élévation de la qualité de l’éducation.

Les heures d’informatique, dont le programme d’études prévoyait 172, passent à 216. Dans les deux premières années du premier cycle du secondaire, la moitié du temps sera consacrée à son étude, l’autre moitié servira de moyen d’enseignement avec la participation du professeur d’informatique et du professeur intégral. En troisième année, elle servira de moyen d’enseignement dans toutes les matières.

On évalue très positivement les efforts consentis par les professeurs de télé-enseignement et les consultants pour faire des classes attrayantes et novatrices, à profonde approche scientifique, pour satisfaire aux intérêts et aux motivations des élèves en recourant à des matériaux didactiques, à des techniques d’apprentissage, à des méthodes d’études et à des activités axées sur le développement de la pensée logique à partir des nouvelles technologies.

Toutes les classes de maths, d’espagnol et littérature, d’histoire et d’anglais des trois années seront enregistrées sur vidéo-cassettes ; ainsi que celles de physique dans les deux dernières, qui serviront de support exceptionnel à la formation des élèves et des enseignants.

Les classes sont enregistrées à partir du travail des professeurs en tandem et avec la participation d’élèves de collèges. A La ville de l’Havane, y participent 28 professeurs d’enseignement à distance et 252 élèves distribués en 14 groupes ; dans les provinces de Cienfuegos, de Villa Clara et de Santiago de Cuba, y prennent part 24 enseignants et 216 élèves. Ainsi, un total national de 52 enseignants et 468 élèves ont pris part à ces enregistrements pendant les vacances et continueront de le faire jusqu’à la fin de l’année scolaire. Ils font preuve d’un enthousiasme extraordinaire et d’un grand dévouement.

Par ailleurs, on a augmenté à cinq par semaine les classes de math et d’espagnol- littérature, et introduit 20 p. 100 de nouvelles matières, dont l’informatique, l’éducation au travail pratique et l’histoire en troisième année du secondaire.

L’enseignement des différentes matières se fera matin et après-midi, trois ou quatre heures étant consacrées tous les jours à repasser et à fixer les connaissances acquises par télé-enseignement (télévision et vidéo).

Les matières de ce programme sont éducation artistique en première année du secondaire ; biologie, géographie et chimie dans les deux suivantes, et éducation au travail pratique en troisième année.

Pour pouvoir introduire les classes matin et après-midi dans tous les collèges de la capitale, on a bâti 550 salles de classe et quatre collèges, et on a agrandi trois autres. On a créé treize cités pour loger les professeurs intégraux qui enseigneront dans les collèges de la capitale. On a travaillé avec discrétion, mais l’effort réalisé avec le soutien des provinces a été vraiment notable et méritoire.

Pour assurer que la majorité des collèges du pays puissent fonctionner matin et après-midi, on a cherché les locaux nécessaires de concert avec le reste des organismes et organisations, si bien que, compte tenu de l’allocation de plus de cent vingt mille pupitres pour le plan en cours, tous les locaux disposeront du mobilier nécessaire.

En septembre, 177 collèges fourniront une collation scolaire à 93 169 élèves et à 9 728 travailleurs, si bien que, en comptant les 115 110 internes, 42 p. 100 du total des élèves en bénéficieront.

D’ici à septembre prochain, la totalité des externes recevra cette collation qui contient environ 40 p. 100 des protéines requises à cet âge.

Je dois signaler que huit pays, grands et petits, dont un de l’OCDE, appliquent actuellement la méthode cubaine d’alphabétisation par radio et télévision. L’intérêt croît et les demandes de coopération technique et de conseil pleuvent. Ce mouvement irrépressible pourrait contribuer à éliminer en peu de temps ce qui est une honte inconcevable : 860 millions d’analphabètes et des milliards de semi-analphabètes dans le tiers monde.

Les ennemis les plus perfides, dans le pays et à l’étranger, sont frappés par la résistance héroïque de notre peuple et par les succès de la Révolution, en particulier à partir de la Bataille d’idées et de l’effondrement progressif de l’idéologie néo-libérale et de l’ordre économique intenable imposé au monde et d’ores et déjà en pleine décadence et en profonde crise. Des individus aux aguets brûlent d’impatience de lancer de nouveaux coups de griffe, incapables qu’ils sont de comprendre que nulle force au monde ne pourra plus vaincre la Révolution cubaine si, comme nous l’avons fait pendant un demi-siècle, nous sommes capables de détecter nos erreurs et de les amender, ainsi que de préserver les vertus qui nous ont donné et nous donneront toujours la victoire.

Le nom de Cuba passera à l’Histoire pour ce qu’elle a fait et continue de faire au profit de l’humanité dans les domaines de l’éducation, de la culture et de la santé, à l’époque la plus difficile qu’ait connue notre espèce.

Notre pays a-t-il beau être soumis au blocus de la seule superpuissance et au quasi-blocus de l’Europe, les deux ensemble ne pourront pas vaincre la Révolution cubaine, entre autres raisons parce que les deux ensemble ne possèdent ni ne posséderont jamais le capital humain et les valeurs morales nécessaires pour faire ce que Cuba socialiste a été capable de faire.

La Patrie ou la Mort !

Nous vaincrons !

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