Lettres et messages

Sur les nouvelles agressions économiques de l’administration nord-américaine et sur la réponse cubaine

Chers compatriotes:

Le 10 dernier, une dépêche de la BBC informait que la Réserve fédérale des Etats-Unis avait infligé une amende à une banque suisse sous prétexte qu’elle avait violé les sanctions que ce pays applique à la Libye, à l’Iran, à la Yougoslavie et à Cuba en acceptant des dollars de ces pays sous sanction ou de leur en avoir envoyé.

Quelques jours plus tard, l’agence NOTIMEX faisait état de déclarations du bandit Otto Reich à propos des nouvelles mesures adoptées par les USA dont certaines avaient déjà été mises en oeuvre et d’autres étaient en cours d’application. Il déclarait sur un ton menaçant :

Nombre d’entre elles exigent la mise au point de règlements et des démarches bureaucratiques, ce à quoi travaillent les avocats et d’autres fonctionnaires du gouvernement, et bien d’autres sont sur le point d’être mises en pratique.

Ce même jour, El Nuevo Herald de Miami publiait un article bourré d’insultes et de mensonges éhontés, intitulé : « Cuba a blanchi 3,9 milliards de dollars dans une banque suisse ». Non content de dénaturer tout ce qui a trait aux opérations commerciales normales de notre pays avec l’étranger, le journaliste incitait les autorités nord-américaines à adopter de nouvelles mesures contre nous, concluant comme suit :

Nous savons que la Réserve fédérale est autonome et n’a donc pas intérêt à faire appliquer la loi Helms-Burton, mais l’Office of Foreign Assets Control (OFAC) fait, lui, partie du pouvoir exécutif, de sorte qu’on peut en exiger qu’il explique mieux la participation cubaine à l’affaire UBS [Union des banques suisses] que la commission bancaire du Sénat a si élégamment fait disparaître dans les tiroirs. Les législateurs cubano-américains pourraient peut-être convoquer des audiences des commissions correspondantes de la Chambre des représentants pour qu’elles éclaircissent ce scandale colossal.

Fidèle à son coutume d’informer dûment le peuple, le gouvernement cubain publiait le 8 juin, dans le journal Granma, une note informative où il expliquait en détail l’origine de ses opérations avec les banques étrangères où il dépose les dollars liquides que reçoit le pays afin de s’acquitter des obligations découlant du commerce extérieur.

Cette Note informative signalait, entre autres :

« ...nous avons constaté que l’extrême droite de l’administration Bush prend clairement ces derniers jours des mesures concrètes pour bloquer les revenus de notre pays provenant du tourisme et d’autres services et réduire à zéro la possibilité que les Cubains vivant aux USA fassent des envois de fonds à leurs familles de l’île, et ce par la méthode la plus perverse, la plus rusée et la plus hypocrite que l’on puisse imaginer : tout simplement en empêchant Cuba de déposer sur des banques étrangères les dollars qu’elle obtient à titre des ventes dans les magasins opérant en devises, des activités de nature touristique et d’autres services commerciaux. Ainsi, Cuba ne pourrait pas utiliser ces dollars pour acheter des médicaments ou des aliments, ou pour importer les articles nécessaires aux magasins où ceux qui reçoivent de l’argent de leurs familles vivant aux USA font justement des achats.

C’est dans ce but pervers que l’administration nord-américaine exerce des pressions sur des banques étrangères pour qu’elles cessent de recevoir des fonds cubains dont l’origine est absolument légale et honnête. Elle incite aussi la presse de la mafia terroriste de Miami à publier des mensonges répugnants, laissant entendre que ces fonds pourraient provenir d’activités que notre pays combat au contraire énergiquement, tels le blanchiment d’argent et le trafic de drogues.

Ces mesures sont d’autant plus insultantes que la seule raison pour laquelle les touristes venant à Cuba doivent utiliser de l’argent liquide est que le blocus des USA leur interdit d’utiliser des cartes de crédit ou des chèques de voyageurs émis par des banques ou des institutions financières nord-américaines qui contrôlent ce marché. Par ailleurs, une seule société nord-américaine a reçu l’autorisation de prendre en charge l’envoi de fonds aux familles cubaines par voie bancaire, si bien que les Cubains vivant à l’étranger ont tant de difficultés à faire parvenir cette aide économique à leurs familles qu’ils sont contraint, dans la plupart des cas, de la leur envoyer en liquide. De plus, le fait que ceux qui envoient de l’argent à leurs familles cubaines depuis les USA font constamment l’objet de harcèlements et de menaces contribue à ce qu’ils préfèrent très souvent le faire en liquide pour ne pas laisser de traces documentaires qui risqueraient de les soumettre aux poursuites des autorités nord-américaines et aux actions violentes de terroristes vivant à Miami.

On ne saurait concevoir une formule plus cynique et plus perverse : les Etats-Unis, dont le blocus cruel oblige ceux qui envoient de l’argent à leurs familles et ceux qui visitent notre pays à le faire en liquide, tentent maintenant d’empêcher par des pressions éhontées que Cuba puisse utiliser ces liquidités pour financer ses importations.

Tous leurs traquenards sont voués à l’échec. Fort de sa fermeté et de sa sérénité habituelles, notre peuple héroïque luttera et vaincra face à un ennemi puissant, mais vil et lâche, dont la politique génocide et les méthodes nazi-fascistes ne méritent que le mépris. »

À ce propos, on pourrait ajouter en passant que Cuba a importé pour plus de 30 854 000 000 de dollars durant les sept années où elle aurait censément fait parvenir à cette banque suisse ces 3,9 milliards transférés ensuite à d’autres bénéficiaires, de sorte qu’il ne s’agirait que de 13 p. 100 du total des paiements des importations, dont l’essentiel concerne des denrées alimentaires, des carburants, des médicaments et des matières premières, des produits intermédiaires pour nos industries, des articles vendus dans le réseau de magasins opérant en devises, etc.

Le lendemain, un nouvel article d’El Nuevo Herald revenait sur la question et suggérait avec la plus grande perfidie que les fonds déposés sur la banque suisse étaient crédités « à des personnes ou à des institutions inconnues dans des banques non révélées », alors que ces fonds ont été utilisés dans tous les cas à des transactions commerciales normales avec des sociétés commerciales et industrielles reconnues à l’échelle internationale. Le journal demandait d’une manière hystérique :

Voilà les noms que nous devons connaître. Les législateurs de la Floride, Ileana Ros-Lehtinen et Lincoln Díaz-Balart, doivent exercer des pressions pour qu’on sache où cet argent a abouti et d’où il provenait.

Orchestrant de toute évidence une campagne pour attirer l’attention internationale sur cette question, El Nuevo Herald informait de nouveau, le 10 juin, que la mafia de Miami, utilisant ses porte-parole les plus connus, les législateurs Ileana Ros-Lehtinen et Lincoln Díaz-Balart, demandait à l’administration nord-américaine de mener une enquête sur l’origine et la destination des fonds susmentionnés :

Les Etats-Unis doivent mener une enquête sur l’origine et la destination des quelques 3,9 milliards de dollars que le gouvernement cubain a « blanchis » à travers un programme international de la Réserve fédérale, ont déclaré hier les législateurs Ileana Ros-Lehtinen et Lincoln Díaz-Balart dans une lettre adressée à la Réserve fédérale et à la commission des Finances de la Chambre.

« Nous sommes profondément déconcertés de constater une violation aussi grave de la loi par l’UBS », écrivent les législateurs à Alan Greenspan, président de la Réserve fédérale. « Nous espérons que l’enquête permettra de répondre aux nombreuses questions que nous nous posons à ce sujet. »

Ileana Ros-Lehtinen, « la Grande Méchante Louve », affirmait avec son hystérie habituelle dans un communiqué de presse du 22 juin :

Je suis bouleversée de constater qu’une banque à laquelle nous avions confié la responsabilité cruciale de distribuer la nouvelle monnaie nord-américaine a violé les réglementations que notre pays applique à un Etat identifié comme terroriste.

Et elle demandait avec la plus grande impertinence :

J’attends le résultat des enquêtes… Si l’UBS est coupable d’avoir violé les restrictions des Etats-Unis sur les transactions avec des régimes terroristes comme celui de Cuba, il est capital d’infliger aux responsables l’amende qu’ils méritent.

Poursuivant sa campagne, cette même dame écrivait le 30 juin au président de la commission des Relations internationales de la Chambre des représentants pour lui demander d’ouvrir une enquête sur cette question.

Ces campagnes et ces pressions éhontées dissimulaient l’objectif évident de terroriser toutes les banques qui pourraient avoir des relations financières avec Cuba afin qu’elles refusent de recevoir les billets nord-américains que notre pays doit envoyer périodiquement à l’étranger pour les motifs que j’ai expliqués.

Il était facile dès lors de constater clairement que de nombreuses banques faisaient l’objet des pressions qu’exerçaient les autorités nord-américaines pour tenter de bloquer ces envois et de créer à notre pays une situation extraordinairement difficile.

Notre pays a donc commencé à analyser toutes les variantes possibles afin d’éviter qu’une nouvelle action criminelle de l’administration nord-américaine – à savoir l’interdiction d’utiliser à des fins commerciales les dollars en liquide qu’il reçoit – ne lui cause de graves préjudices économiques.

Tandis que Cuba analysait toutes les alternatives d’une manière sereine et réfléchie, les mensonges et les infamies continuaient de pleuvoir.

Ainsi, le 3 juillet, El Nuevo Herald s’en prenait à la Banque interaméricaine de développement (BID) et à la Commission économique des Nations Unies pour l’Amérique latine (CEPAL), les accusant de gonfler leurs estimations des envois de fonds à Cuba depuis les USA, ce qui tendait à justifier l’origine légale des 3,9 milliards de dollars :

Voilà donc les coulisses que la BID et la CEPAL dissimulent en gonflant les chiffres d’envois de fonds aux familles qu’elles attribuent à la communauté cubano-américaine. Il faut l’éclaircir. Par ailleurs, ce scandale du blanchiment d’argent prouve que Cuba est le refuge discret de l’argent de terroristes et de voleurs. Il faut le révéler.

Recourant au sensationnalisme élémentaire typique de la canaille de Miami, El Nuevo Herald publiait, le 23 juillet, un nouvel article intitulé : « Enquête aux USA sur les liens avec des fonds cubains », qui affirmait entre autres :

Les Etats-Unis ont ouvert une enquête judiciaire en vue de déterminer les relations éventuelles de « personnes juridiques et naturelles nord-américaines » avec les 3,9 milliards de dollars que Cuba a infiltrés dans le système bancaire international en utilisant un programme de la Réserve fédérale.

L’opération s’est faite à travers l’Union des banques suisses (UBS).

« Le parquet du district sud-est de New York a ouvert une enquête », a assuré Juan Zárate, sous-secrétaire nord-américain au Trésor chargé de la lutte contre le financement du terrorisme, au cours d’un visite qu’il a faite hier au Nuevo Herald.

Les mensonges publiés tous les jours à Miami sur ce point étaient si nombreux et si gros que l’institution bancaire mise sur la sellette fut contrainte, malgré la discrétion proverbiale des banques suisses, de nier publiquement toute accusation de blanchiment d’argent. Une dépêche de l’AFP informait le 25 juillet de Zurich :

L’Union des banques suisses (UBS), la plus grosse banque suisse, a démenti hier avoir blanchi de l’argent pour Cuba, contrairement aux accusations soulevées par trois membres de la Chambre des représentants des Etats-Unis qui ont exigé l’ouverture d’une enquête.

Un porte-parole de l’UBS a indiqué ne pas avoir connaissance de nouvelles enquêtes sur la banque et a nié tout accusation de blanchiment.

[…]

Selon le porte-parole de l’UBS, la Réserve fédérale des Etats-Unis (Fed) et la Commission fédérale suisse des banques (CFB) ont déjà examiné ce cas.

Faisant fi de ces déclarations, les mafieux de Miami et leurs organes de presse ont continué leur campagne perfide. Le 16 septembre, Ileana Ros-Lehtinen faisait de nouvelles déclarations :

« Ça fait boule de neige », a commenté la législatrice au Nuevo Herald. « Au moins trois personnes ont eu à voir avec cette manipulation de fonds, et d’autres banques sont sur la ligne de mire. »

Voyez la menace évidente qu’entraîne ce « d’autres banques sont sur la ligne de mire »…

J’ai dès lors demandé à la Banque centrale de Cuba de hâter les travaux sur cette question, lui indiquant d’axer les analyses sur la possibilité d’utiliser notre peso convertible à la place du dollar, de façon à ce que notre pays ne soit pas vulnérable aux nouvelles pressions exercées par la mafia de Miami et l’administration nord-américaine.

Peut-être vous rappelez-vous qu’à la seconde Table ronde sur les questions de l’électricité, le 28 septembre, j’avais alerté l’opinion publique à ce sujet, mais sans donner beaucoup de détails. J’avais dis textuellement :

Depuis quarante-cinq ans, notre ennemi tente de nous détruire par tous les moyens possibles, en interdisant même que l’argent payé par un touriste puisse circuler dans le monde, parce que, comme il est le maître de la principale monnaie, le maître du monde, il interdit à Cuba d’utiliser le dollar dans ses transactions.

J’avais aussi avancé quelques idées, à la troisième Table ronde du 29 septembre, sur les mesures auxquelles nous travaillions :

Ils font donc tous les efforts. Alors, nous pensons à la manière de nous défendre, parce que nous n’allons pas rester les bras croisés. Nous n’allons rien leur dire. Qu’ils fassent ce qu’il leur chante, qu’ils nous embêtent si ça les amuse. En tout cas, nous répondrons aux mesures qu’ils pourraient adopter pour tenter de nous bloquer. Accuser notre pays de blanchir de l’argent ! Comme si c’était de l’argent gagné au jeu, de l’argent gagné par contrebande. Blanchiment ! C’est de l’argent que nous gagnons à la sueur de notre front, honnêtement. Ils prennent donc des mesures pour que nous ne puissions pas utiliser ces dollars. Eh bien, vous pouvez être sûrs que nous trouverons des ripostes à ces mesures et qu’ils échoueront, comme ils ont toujours échoué.

Le 9 octobre, onze jours avant ma chute accidentelle, donc, nous avons connu le discours prononcé par Daniel W. Fisk, sous-secrétaire du département d’Etat aux questions interaméricaines, devant l’Association des vétérans cubano-américains, au cours duquel, faisant preuve d’un cynisme sans bornes, ce monsieur se vantait du prétendu succès des mesures criminelles adoptées par l’administration Bush contre notre peuple. Il affirmait entre autres :

Bien mieux, un autre axe de notre stratégie est d’identifier les filières, si longtemps ignorées, des revenus, du régime castriste et d’agir pour les réduire. Par exemple, le tourisme qui a remplacé les exportations de sucre comme la principale source de devises.

[…]

Pour continuer de réduire l’afflux de ressources qui permettent à Castro de continuer de réprimer le peuple cubain, nous avons, beaucoup d’entre vous le savent, renforcé notre politique relative aux envois de fonds, aux dons et aux voyages de familles dans l’île qui auraient apporté des recettes d’environ 1,5 milliard de dollars par an en fonds et en biens de la part de ceux qui vivent hors de l’île.

[…]

…Nous avons privé le gouvernement castriste de plus de cent millions de dollars en monnaie dure. Ce sont cent millions de moins aux mains de Castro pour réprimer son peuple et se maintenir au pouvoir.

Quand on extrapole ces chiffres à une année civile complète, le manque à gagner total pour le régime, rien que pour la réduction des voyages, est d’environ 375 millions de dollars.

En totalisant la diminution de toutes les sources de revenus, nous estimons avoir privé le régime d’au moins cinq cent millions de dollars que Castro aurait utilisés pour soutenir son appareil de sécurité et de renseignements.

Un paragraphe en particulier de ce discours, typique de l’arrogance et de la vantardise impériales, exigeait qu’on s’y arrête avec soin :

Nous avons constitué un Groupe de traque des actifs cubains, formé de fonctionnaires de plusieurs organes chargés de l’application de la loi, qui analysera de nouvelles voies pour détecter les mouvements de devises vers et depuis Cuba et pour les bloquer.

La coïncidence entre la sale campagne de la mafia de Miami sur le prétendu blanchiment d’argent et cette nouvelle action criminelle de l’administration nord-américaine – création d’un groupe chargé de traquer les devises allant à Cuba et en sortant – ne saurait être plus claire. Nous devions donc adopter sans plus de retard des actions pour protéger nos intérêts devant cette nouvelle agression. J’ai donc demandé à la Banque centrale de Cuba de préparer un calendrier pour que le peso convertible se substitue le plus tôt possible au dollar comme monnaie en circulation.

Ce calendrier est en cours d’exécution. Je suis donc en mesure d’annoncer officiellement que le peso convertible commencera, à compter du 8 novembre, à circuler sur tout le territoire national en substitution du dollar des Etats-Unis.

Je tiens tout de suite à préciser que cela ne veut pas dire pour autant que la détention de dollars ou de toute autre monnaie convertible sera pénalisée. La population pourra continuer de posséder autant de dollars qu’elle le veut sans pour autant violer la loi. Le décret veut dire tout simplement qu’à partir du 8 novembre, le dollar n’aura plus cours dans les magasins opérant en devises qui n’accepteront plus que des pesos cubains convertibles.

Tout détenteur de monnaie librement convertible, qu’il soit Cubain ou étranger, qui voudrait, à compter du 8 novembre, acheter dans les magasins opérant en devises, devra donc acheter des pesos convertibles dans les Casas de Cambio (CADECAS), dans les succursales bancaires, voire dans un nombre important de magasins qui offriront ce service. Par ailleurs, à partir du 8 novembre, tout achat de pesos convertibles en échange de dollars sera grevé d’une commission de 10 p. 100, à titre de compensation pour les risques et les coûts que la manipulation de dollars implique pour l’économie cubaine, compte tenu des mesures adoptées par l’administration nord-américaine pour empêcher notre pays d’utiliser des liquidités dans cette monnaie à des fins commerciales normales.

Je tiens à insister pour éviter toute confusion, car c’est un point important : cette commission n’entrera en vigueur qu’à partir du 8 novembre. Ainsi donc, tout détenteur de dollars dispose d’encore deux semaines pour exercer son droit de les changer en pesos convertibles au taux d’un pour un, au pair donc, sans commission. Il peut aussi, s’il le souhaite, les dépenser à des achats de marchandises, comme jusqu’à présent. S’il possède un compte en banque en dollars, il peut les y déposer et les retirer ensuite, quand il voudra, en pesos convertibles à la parité, ou en dollars, toujours à la parité, sans avoir à payer de commission, donc. S’il n’a pas de compte en banque en dollars actuellement, il peut en ouvrir un, y déposer ses dollars et les retirer à l’avenir dans les mêmes conditions, autrement dit en pesos convertibles ou en dollars, sans commission, au pair, au taux donc de un pour un.

Celui qui reçoit normalement des envois de fonds de l’étranger a donc encore deux semaines pour coordonner les choses avec sa famille, s’il le veut, pour que celle-ci lui envoie à l’avenir de l’argent liquide, non plus en dollar, mais dans d’autres monnaies convertibles - comme l’euro, le dollar du Canada, la livre sterling ou le franc suisse – qui ne sont pas sujettes à la commission de 10 p. 100.

Nous avons donc cherché des formules pour que cette mesure ne lèse personne, puisqu’elle offre le temps suffisant aux gens pour faire les arrangements pertinents et n’avoir pas à payer la commission.

Il ne s’agit pas, je le répète, d’une mesure qui vise à récupérer de l’argent en devises à travers une commission : il s’agit d’une réponse à une menace réel découlant d’une mesure criminelle de l’administration nord-américaine et d’une campagne éhontée pour effrayer les banques étrangères.

Je tiens aussi à insister sur un autre point : les comptes en banque en dollars, en pesos convertibles ou dans toute autre monnaie bénéficient de la garantie la plus totale. Par ailleurs, les fonds déposés dans les banques ne feront l’objet d’aucune commission, indépendamment de la date où le client souhaitera faire des retraits et de la quantité qu’il souhaitera retirer.

Pour que tout soit plus compréhensible, Randy Alonso pourrait lire la résolution de la Banque centrale mettant en vigueur cette mesure. Ensuite, on pourrait faire des commentaires supplémentaires. (Randy Alonso lit la résolution.)

Comme je l’ai déjà expliqué, la résolution établit donc en tout premier lieu que la population peut continuer de détenir sans aucune restriction, comme jusqu’ici, des dollars des Etats-Unis ou toute autre monnaie convertible, autant qu’elle le veut. D’ici au 7 novembre, donc, rien ne change : les magasins continueront d’accepter des dollars ; quiconque veut changer ses dollars pour des pesos convertibles ne sera pas grevé de la commission de 10 p. 100 et le fera au pair ; les gens pourront ouvrir un compte en dollars sans restriction ou déposer de l’argent sur ceux qu’ils ont déjà ; ils pourront retirer ces fonds à l’avenir au moment voulu et dans les quantités qu’ils veulent, soit en pesos convertibles soit en dollars, sans commission et au pair.

En revanche, à partir du 8 novembre, les achats dans les magasins opérant en devises ne pourront plus se faire qu’en pesos convertibles, et tout achat de pesos convertibles en dollars sera grevé d’une commission de 10 p. 100. Il ne s’agit pas là d’une modification du taux de change entre peso convertible et dollar, qui reste au pair, mais tout simplement d’une commission grevant l’achat de pesos convertibles en dollars : si vous avez un peso convertible, vous pouvez acheter un dollar ; mais si vous avez un dollar et que vous vouliez acheter un peso convertible, vous devrez payer une commission de 10 p. 100, et vous ne recevrez donc que 90 centimes de peso convertible.

Je répète qu’aucune commission ne frappe les autres monnaies acceptées dans le pays : euro, franc suisse, livre sterling, dollar du Canada… Cette commission de 10 p. 100 s’applique uniquement au dollar en liquide, à cause de la situation créée par les nouvelles mesures d’asphyxie du pays de l’administration nord-américaine.

Les changements de monnaie commenceront à partir du 28 octobre dans les Casas de Cambios (CADECAS), les succursales bancaires, les hôtels et les magasins, selon les précisions apparaissant dans la résolution de la Banque centrale.

Celle-ci établit aussi que les transactions réalisées avec des cartes de crédit ne feront l’objet d’aucune commission, indépendamment de la monnaie concernée, même le dollar. Ce qui s’explique parce que l’utilisation d’une carte de crédit n’entraîne aucun mouvement d’argent liquide et donc aucun coût et risque associé à la manipulation de billets de banque réels.

Le système bancaire a adopté différentes mesures pour faciliter les choses. Du 28 octobre au 5 novembre, les agences se consacreront uniquement, à partir de midi, à ces opérations de change afin que la population dispose du temps suffisant, si elle le veut, pour changer ses dollars en pesos convertibles d’ici au 8 novembre et n’avoir pas à payer ensuite la commission de 10 p. 100 ; qui plus est, les agences seront ouvertes le samedi 6 et le dimanche 7 novembre.

Bien entendu, il faut le préciser, l’achat de pesos cubains en dollars dans les CADECAS sera lui aussi grevé d’une commission de 10 p. 100, car l’Etat achète dans ce cas des dollars.

Je tiens aussi à préciser que cette mesure n’empêchera pas ni n’entravera en quoi que ce soit les garanties octroyées par des institutions financières cubaines aux institutions étrangères, ni la disponibilité de fonds en monnaies librement convertibles pour honorer leurs obligations. Cette mesure a seulement une portée interne : nous réorganisons la circulation monétaire interne et nous nous protégeons d’une agression économique extérieure.